venerdì 2 ottobre 2015

PEGASUS INTERNATIONAL - Francese 4






SERENA GENTILHOMME
Moi, Salvatore, ton Sauveur


 
Ma Maria,
Tout va bien.
08h00 : emmené notre enfant à la crèche.
08h30 : retour chez nous.
08h33 : debout devant la porte béante de la salle de bain, je t’entends gueuler, sous la douche, notre chanson, Ti amo, dont, désormais, je ne suis plus le destinataire. Toi, tu ne me vois pas, moi, si, malheureusement : derrière le rideau en plastique, tu te déhanches dans une danse obscène – digne de ces putes étrangères qui nous infestent, transformant notre beau pays en bordel. Je me sens plongé dans un de ces cauchemars où les choses et les visages familiers se font méconnaissables, comme ta voix, devenue insupportablement vulgaire depuis que tu as commencé à me tromper avec n’importe qui, via cet engin du diable qu’est Facebook.
Mais pourquoi nous as-tu tellement crottés, notre enfant, ce petit ange, et moi ? Pourquoi nous avoir traînés dans la boue t’exhibant sur ce réseau social – dont, par bonheur, j’ai réussi à te soutirer le mot de passe –  où de tristes individus, soi-disant amis, t’envoient des messages honteux, avec des cœurs et de petits visages grotesques souriant au milieu de nounours volants ? Que manquait-il à ton parfait bonheur ?
Je vais te le dire, moi : rien, même que tu as été protégée par moi comme nulle autre femme. Qui peut se vanter d’avoir un mari qui, malgré son quotidien surchargé – un  pompier étant sollicité à tout moment du jour et de la nuit –  t’assistait en tout, payait toutes nos factures, celles du boulanger comme celles du médecin, chez lequel je t’accompagnais, exigeant d’assister à tes visites afin de préserver ta pudeur d’épouse et de mère, ces titres sacrosaints que tu as obtenus grâce à moi et que tu as honteusement piétinés ? Je t’épargnais même la peine de te rendre chez le coiffeur, puisque le fait de te couper les cheveux moi-même, en plus d’épargner mon argent, me rendait fou de désir : rasée, ta petite tête ressemblait à celle des religieuses chez lesquelles j’ai été élevé jusqu’à mon adoption – enfin, j’imagine, car je ne les ai jamais vues sans voile, malgré mes efforts de les épier quand elles allaient se coucher.
08h35 : allé chercher le chapelet accroché aux mains de la statuette qui surplombe notre lit, celle de la Madone Aux Sept Douleurs, avec ses poignards plantés dans la blancheur immaculée de sa robe couvrant des seins que j’ai toujours devinés : hauts et fermes, pleins de promesses maternelles, comme les tiens, dévoilés la première nuit de mariage et…
08h37 : récitant le chapelet, je contemple tes formes impertinentes, remuant sous le jet que je ressens de plus en plus chaud, pire que le sperme tes bâtards d’amants. À mon corps défendant, je pleure, car, dans quelques minutes, tu n’existeras plus sur terre. Ce sera horrible, pour moi et pour notre enfant – pour lui, surtout –, mais, au moins, je t’aurai évité la mort la plus néfaste, celle de ton âme !
Dans l’église de mon village, en Italie du Sud, il y a une fresque exemplaire, où les Anges du Paradis et la Madone réservent leur meilleur accueil aux Mamans et aux Épouses Fidèles. Tout en bas, les salopes adultères et leurs salauds rôtissent dans les flammes de l’enfer, embrochés par les diables. Ça, c’est de la vérité évangélique, comme je te l’ai toujours répété, et toi, tu étais d’accord sur ce principe… Enfin, tu avais l’air d’être d’accord, au début de notre mariage. Désormais, je me dis que, chez toi, tout était fausseté et hypocrisie, ce à quoi j’aurais pu m’y attendre, mais comment savoir ce que cache une apparence, quand on croit avoir trouvé Celle qu’on a toujours recherchée? La première fois que je t’ai vue, toi – ni belle ni moche, cheveux courts mal coupés, pas de maquillage, petits yeux myopes irradiant une douceur infinie par-derrière d’épaisses lunettes, fagotée dans des vêtements démodés – je t’ai de suite identifiée à l’épouse idéale, la DDD de mes rêves : Dévouée, Discrète, Docile…
Façonnable à l’envi.
Après notre premier baiser d’amour, tu m’as avoué que tu n’étais plus vierge. J’ai été épouvantablement déçu, mais je me suis dit que j’avais une vie entière devant moi pour te façonner, même si, la première nuit de mariage, j’ai vu qu’il y avait du boulot, de ce côté-là : violemment enfourchée, tu bavais de plaisir, tortillant du cul et râlant des mots genre encore, encore, je viens, je viens, des trucs dignes des films porno, et je sais ce que je dis, j’en connais tout un rayon… Le jour d’après, je t’ai dit qu’il fallait que tu te donnes une contenance quand on faisait la chose, et toi, en femme amoureuse – au moins au début de notre mariage – tu as cherché à rester calme et passive, avec un sourire de résignation souffrante peint sur ton visage, identique à celui de la Madone Douloureuse qui a toujours veillé sur nos nuits consacrées par notre lien indissoluble.
Après, notre enfant est venu bénir notre union, accouché dans la douleur, comme la Bible l’impose. Comme on m’avait prévenu que tu voulais la péridurale, je me suis précipité dans la salle de travail en temps utile pour empêcher ce sacrilège, conscient, quand même, que tu avais commencé à glisser sur la pente du péché, en chute libre. Pour réparer, j’ai décidé de te refaire un enfant, me sentant impuissant, dans le sens que mon contrôle sur toi m’échappait. Sexuellement, en revanche, j’étais en forme olympique : jamais je n’ai mieux bandé que pendant ces nuits où je te possédais, toi, absente et rétive, me donnant – enfin ! – la merveilleuse sensation de violer une vierge récalcitrante, toute à son sacrifice.
Mon bonheur n’aura duré que peu de temps, jusqu’au jour où j’ai découvert que tu prenais la pilule en cachette. Je suis allé demander des explications à notre médecin qui s’est bien gardé de m’en donner, sous prétexte du secret professionnel. En revanche, il m’a prescrit des sédatifs que je me suis bien gardé de prendre, même si le stress me dévastait, songeant à ton âme souillée… Le jour d’après, j’ai même affronté l’humiliation d’aller chercher Monsieur le Curé dans sa sacristie pour savoir ce que tu avais pu lui raconter, mais celui-là m’a sorti un autre secret, celui de la confesse. Je me suis abaissé jusqu’à le supplier à genoux, lui notifiant que sa mission est celle de sauver l’âme du pécheur en général et la tienne en particulier, alors il m’a répondu une chose que je savais déjà, que l’Époux doit aimer son Épouse comme le Christ son Église, ce à quoi j’ai riposté que si l’Église n’est plus obéissante au Christ, celui-ci a bien le droit de la punir comme il faut, oui ou merde ? Souriant, Monsieur le Curé m’a dit d’éviter les gros mots et de m’en aller dans la paix du Seigneur. Puis, il a commencé à donner des ordres au sacristain sur comment décorer l’église pour le Saint Noël, mais, comme je ne partais pas, il m’a proposé sa bénédiction que j’ai refusée, bien sûr. Déçu et plein de haine, je suis rentré chez nous, où je t’ai surprise une fois de plus en train de chatter sur ce réseau de merde : éclairé par la lueur livide de l’ordinateur, ton sourire hébété, indécent, m’a donné envie de vomir, et ce fut la tête dans la cuvette, entre deux régurgitations de bile, que je pris ma décision ultime : conformément à mon nom de baptême, Salvatore, je serai ton Sauveur, vu que les autorités compétentes en matière de corps et d’âme avaient refusé de m’aider, se cachant derrière tous ces secrets à la con.
Après cette résolution, je me suis senti en paix, comme je ne l’avais plus été depuis longtemps – calme et détaché, mon esprit s’était composé dans l’invincible patience du Rédempteur. Nuit après nuit, tout au long des heures les plus noires et les plus froides de cet hiver, je suis resté assis sur le balcon de notre chambre, attendant que tu en finisses avec tes sales bavardages. Frissonnant, je fixais un point au-delà des champs qui traînent leur platitude  jusqu’à l’horizon : là dort un canal plein de boue, presque invisible de la route à cause des buissons, mais, pour peu qu’on sache qu’il existe, on peut très bien le surveiller de chez nous. Ce serait ma façon de te tenir constamment sous mon regard : pendant que ton corps se délitera dans la vase, ton âme se purifiera grâce à mes prières, jusqu’à l’instant où elle deviendra aussi luisante qu’une étoile dans une nuit sans lune.
Ça y est. La douche se tait. Tu ne chantes plus. Dans quelques secondes tu sortiras, resplendissante dans ta nudité qui n’est plus la mienne et qui revêt une âme purulente… Avant de t’étrangler, je te ferai réciter l’Acte de Contrition jusqu’au bout, cherchant à ne pas me faire apitoyer par ton désarroi, par ta terreur, mais, dis-moi, ma Marie, que sont quelques instants atroces sur terre par rapport à une éternité de flammes et de tourments ? Grâce à moi, tu passeras tout au plus quelques millénaires au Purgatoire, une vétille…
………………………………………………………………………………..
Tout va bien.
La chose a été plus rapide et plus facile que prévu : l’effet surprise, sans doute.
8h43 : âme épouse sauvée
9h35 : retour chez nous
9h40 : nourri lapins et poules
9h45 : connexion au site Rencontres catholiques que je fréquente depuis toujours et où j’ai posté cette annonce :
Homme seul, sapeur pompier, très croyant et fidèle, cherche femme vierge si possible, catholique pratiquante, simple, maternelle et sans ambitions professionnelles.
Parcourant la liste des profils, je vibre de satisfaction : nombreuses sont les femmes dignes de moi qui m’ont répondu, mais j’ai déjà repéré ma préférée, une ni belle ni moche, mal coiffée, mal habillée, aux yeux très doux derrière ses lunettes de myope…
Façonnable à l’envi.

 
                            


DANIEL FRINI
 LETTRE OUVERTE A DIEU




Monsieur qui êtes au ciel,
 Au nom de tous les hommes qui habitent ce monde – le vôtre – je me permets de m'adresser à votre très haute Divinité avec l'objet suivant :
— exiger la restitution de la côte que Vous avez soustraite à notre père Adam, alors que celui-ci se reposait au centre de loisirs connu sous le nom d'Eden, et
— faire en sorte que l'Histoire reprenne son cours à partir de l'instant précis qui a précédé ce malencontreux événement.
Nous exigeons également l'indemnisation correspondante, plus les intérêts échus depuis la création (conformément aux calculs de l'archevêque Ussher datant de quatre mil quatre avant la naissance de Votre Fils), ainsi que les honoraires et les coûts afférents. Nous nous réservons, en outre, le droit d'intenter, devant les tribunaux du Ciel que vous dirigez, les actions au pénal correspondantes afin d'obtenir compensation pour l'acte répréhensible que vous avez commis et que nous considérons bel et bien comme un vol. Nous sommes certains que Votre Infinie Sagesse n'interférera pas dans l'administration de la Justice.
J'insiste sur le fait que la côte d'Adam, notre côte, nous a été soustraite, volée, dérobée, escroquée. Et, ce qui est bien pire, abusivement utilisée pour créer un triste personnage lequel n'a, depuis lors, fait que perturber le cours normal et paisible de la vie de l'homme.
Notre père Adam était très bien tout seul, et nous sommes certains que Vous l'aviez doté de l'intelligence qui lui permettait d'assurer lui-même la satisfaction de ses besoins sans qu'intervienne dans Votre Création un nouveau personnage qui n'a fait que brouiller les pistes et qui Vous a, entre autres, fait perdre le contact avec l'excellent produit sorti de Vos mains. Nous n'en doutons pas. Vous avez agi correctement en expulsant Adam et la mégère, puisqu'il ne Vous restait pas d'autre possibilité, compte tenu de la règle régissant Votre ciel. Mais nous sommes convaincus que ce choix vous aurait été épargné si la susdite avait eu un autre comportement.
Confiant en votre discernement.

(Traduction : Pierre Jean Brouillaud)


             Né dans la province de Cordoba (Argentine) en 1963, Daniel Frini est ingénieur en mécanique et électronique. Il collabore à la revue en ligne AXXON. Ses récits sont publiés dans différents pays et, notamment, sur le site UN(E) AUTEUR(E), DES NOUVELLES.

 





Pierre Jean Brouillaud
La Fourchette


 


Affichez votre âge
48 ans 3 mois 10 jours


 
Validez
Pour ultime vérification avant calcul de votre fourchette, appuyez sur la touche RECAP
Merci


 
Affichez la liste déroulante des rubriques
Sélectionnez l'une des options suivantes
Dans l'ordre
Au choix


 
1- VOTRE VIE SEXUELLE. Sélectionnez la case qui convient. Vous pouvez cocher plusieurs cases
a) Fréquence des actes par semaine
1 fois 2 fois 3 fois Plus de 3 fois
b) Partenaire
Sexe opposé Même sexe Androgyne Asexué
Animal Androïde Gonflables (précisez)
Autosatisfaction
Autres (précisez)


 
Maladies sexuellement transmissibles
Date de la dernière analyse
O5/03/25
Résultat
Positif Négatif


 
A votre connaissance, êtes-vous ?
Séropositif ?
Non
Si oui, depuis quand ?
Sans objet
Sidéen ?
Non
Depuis quand ?
Sans objet
Précisez la nature de votre traitement
Sans objet


 
Autre (s) MST diagnostiquée (s). Précisez
Néant


 
Pourcentage de risques de contracter une MST dans les cinq ans à venir (Au besoin, faire apparaître la liste déroulante.)
Votre appréciation
50 %


 
L'appréciation établie par un organisme habilité
60 %
Identification de l'organisme habilité
IDS


 
2- GREFFES ET TRANSPLANTATIONS
Taux de substitution (sous-ensemble à calculer)
Organes ou éléments substitués. (Au besoin faire apparaître la liste déroulante) :
Taux de 0 %.
Compliments !


 
3- POLLUTION DE VOTRE ENVIRONNEMENT
Classement de la zone habitée. Sélectionnez la case qui convient
ZONE 1 ZONE 2 ZONE 3
Classement de la zone où vous exercez vos activités professionnelles
ZONE 1 ZONE 2 ZONE 3
Combien de jours par an portez-vous le masque AP ?
A l'extérieur: de 0 à 100 jours de 100 à 200 jours de 200 à 300 jours ou plus
Cures de dé-pollution suivies
De 1 à 5 Plus de 5
Date des cures suivies
25-30/05/24 08-13/08/26 11-16/11/27
Résultat (votre appréciation)
Excellent Bon Moyen Médiocre


 
3- RISQUES D'ACCIDENT (votre évaluation) en pourcentage
De la circulation automobile
De 10 à 30% , de 30 à 50 % de 50 à 75 % Plus de 75%
Rappel des valeurs moyennes :
de 43 à 48 %
Des autres modes de transport
de 10 à 30 % Plus de 30%
Rappel des valeurs moyennes
de 25 à 28 %
Risque de blessures graves dues à une agression
de 0 à 25 % de 25 à 50 % de 50 à 75% plus de 75 %
Rappel des valeurs moyennes
de 25 à 42%


 
PATIENTEZ. Nous calculons votre fourchette.


 
Vous utilisez un logiciel DATELIFE disponible 24 heures sur 24 avec accès direct.


 
Ne vous laissez pas surprendre.
Avez-vous pris vos dispositions ?
DATELINE est là pour vous aider


 
Attention ! VOICI VOTRE FOURCHETTE


 
Rappel : votre âge actuel s'établit à : 48 ans 3 mois 10 jours.
Validez ou corrigez, s'il y a lieu


   


Age auquel votre décès interviendra :


 
Transmettre à votre assurance pour actualisation des primes.
  À votre disposition 24 heures sur 24, DATELIFE vous remercie.
Si vous ne souhaitez pas d'information complémentaire, vous pouvez fermer.


 



2 commenti:

  1. Questo commento è stato eliminato dall'autore.

    RispondiElimina
  2. Belli e con un sottile umore nero i tre racconti dagli amici Daniel, Serena e Pierre. Complimenti!
    Adriana Alarco

    RispondiElimina